Les syndicats persona non grata dans les filiales turques de Recticel et St-Gobain

La direction des filiales turques de Recticel (chimie) et de Saint-Gobain (verre) mènent une politique antisyndicale dans leur entreprise sans le moindre respect pour le droit du travail international. Une situation inacceptable.

En Belgique, les entreprises qui s’enorgueillissent de respecter le dialogue social ne font pas forcément de même dans les autres pays. Recticel (chimie) et Saint-Gobain (verre) font tout ce qui est en leur pouvoir pour bannir les syndicats des leurs filiales. La Centrale Générale – FGTB et la fédération syndicale internationale Industriall Global Union soutiennent les syndicats sur place et exhortent les entreprises concernées à respecter le droit du travail international. 

Tout comme en Belgique, les travailleurs en Turquie ont eux aussi le droit d’adhérer à un syndicat et d’être défendus. Mais la loi prévoit quelques règles spécifiques. Pour qu’un syndicat puisse représenter les travailleurs dans une entreprise, 50% d’entre eux doivent être membres de ce syndicat. Le syndicat doit également représenter au moins 1% des travailleurs actifs dans le secteur dans lequel il opère. Les entreprises qui estiment qu’un syndicat ne remplit pas ces conditions peut s’adresser au tribunal. La procédure qui s’ensuit peut durer plusieurs années et les syndicats sont dès lors réduits au silence.

Recticel

Voici 4 ans, une majorité des travailleurs de l’entreprise Recticel de Tuzla se sont affiliés au syndicat Petrol-Is. Mais la direction locale a déposé une plainte devant le tribunal. Elle estime que Recticel n’opère pas dans le secteur de la chimie en Turquie et que dès lors, Petrol-Is n’a pas de légitimité pour représenter ses travailleurs. Dès lors, le syndicat ne peut pas entreprendre de dialogue avec l’entreprise. D’après le CEO de Recticel, la filiale turque ne fait rien de mal et a le droit d’engager une procédure.

Saint-Gobain

Histoire similaire chez Izocam, filiale du groupe Saint-Gobain. La direction conteste que Kristal-Is remplisse les conditions pour représenter les travailleurs d’Izocam. Entre-temps, l’entreprise a licencié quatre délégués syndicaux et entretient une politique hostile à l’égard des membres du syndicat.

En mai 2018, après une procédure de quatre ans et demi, le syndicat a finalement obtenu gain de cause. En août, les négociations ont pu débuter mais la direction de l’entreprise maintient sa politique antisyndicale et ne veut faire aucune concession. De plus, elle refuse de réintégrer les travailleurs licenciés. 

Travailleurs turcs

C’est clair, il y a du pain sur la planche dans les entreprises en Turquie. Kristal-Is veut entamer le dialogue concernant une augmentation progressive des bas salaires, sur les heures supplémentaires et le travail de nuit, sur l’amélioration de la réglementation en matière de santé et de sécurité. Les entreprises font partie de grands groupes internationaux et il est inacceptable que les travailleurs de certains pays aient moins de droits que les autres travailleurs. 

Soutien international

Tant le syndicat international IndustriAll que la Centrale Générale – FGTB apportent leur soutien aux syndicats sur place et appellent les entreprises à mettre de l’ordre dans leurs filiales turques. La politique mise en place par ces deux entreprises va aussi bien à l’encontre du droit du travail turc que des conventions de l’Organisation Internationale du Travail. Avec Industriall Global union, nous continuerons à mettre la pression et à exiger que les droits syndicaux soient respectés partout.