La quarantaine instaurée au Pérou plonge de nombreux travailleurs dans la misère

Avec 120.000 personnes contaminées, le Pérou est le second pays le plus touché par le Covid-19 en Amérique latine. Plus de 3.456 personnes ont perdu la vie. Et ces chiffres sont particulièrement sous-évalués en l’absence de tests systématiques. Alors qu'une quarantaine a été mise en place, l'Etat péruvien ne semble pas se préoccuper du sort des travailleurs qui se retrouvent soudainement sans emploi.

Confinement inégal

Après plus de 8 semaines de quarantaine, un certain relâchement se fait sentir au Pérou. En théorie, les citoyens ne peuvent descendre dans la rue que pour se rendre au supermarché ou à la banque, mais en pratique, de plus en plus de gens sortent pour gagner leur pain quotidien, sur les marchés surpeuplés et se rendent dans les files interminables des bureaux des banques pour collecter les subventions gouvernementales destinées aux pauvres. Dans les meilleurs quartiers, beaucoup de gens travaillent à domicile et restent chez eux en toute sécurité. 

Systèmes de santé au bord du gouffre

Le Pérou reste sans réelle protection sociale. Les systèmes de soins de santé sont de piètre qualité. Les hôpitaux manquent de lits, d’oxygène et de médicaments. 

Des travailleurs abandonnés à leur sort

Les pays où l’économie informelle est la plus importante et où ont été prises des mesures de confinement total sont ceux qui souffrent le plus des conséquences de la pandémie. Au Pérou, 70% des travailleurs péruviens travaillent dans le secteur informel.
La subvention unique de 200 euros pour ces familles pauvres n'a atteint que 40 % de ce groupe cible, de sorte qu'ils doivent également descendre dans la rue pour ne pas mourir de faim. 

Les 450.000 ouvriers du secteur de la construction civile ainsi que leur famille sont quant à eux dans la détresse la plus totale. Ils n'ont reçu aucune aide financière de l'État à ce jour. En attendant, le gouvernement continue à accorder des prêts et d'autres mesures de soutien qui profitent principalement aux grandes entreprises, tandis que les travailleurs sont laissés pour compte.

Pendant cette quarantaine, le syndicat FTTCP, avec lequel collabore notre centrale, a organisé de multiples manifestations dans différentes régions du pays. Le syndicat péruvien de la construction civile exige des bons accordés par le gouvernement, en soutien aux populations vulnérables pour contrer les conséquences de la quarantaine. La négligence et l'oubli du gouvernement à l'égard des travailleurs de la construction civile et de leurs familles sont inhumains, car ils souffrent de la faim et de la misère.

« Ces familles vont mourir du COVID-19 ou de faim si l'État ne réagit pas immédiatement », condamne le secrétaire général de la FTCCP, Luis Villanueva.

Pérou
La quarantaine n'empêche pas la FTCCP de poursuivre son travail. D'une part, le syndicat a déposé son cahier de revendications 2020-2021 auprès du Ministère du travail. Il appelle à une augmentation du salaire, une amélioration des conditions de santé et sécurité au travail spécialement dans le cadre du Covid-19. D’autre part, le confinement n’entrave en rien la communication entre la FTCCP et ses bases. Une assemblée nationale virtuelle des délégués se tiendra d’ailleurs ce samedi 30 mai.