Chimie - Les travailleurs sont la solution

Chômage économique, ralentissement de l’économie allemande, prix de l’énergie,… Autant de thèmes actuellement mis en avant dans la presse pour aborder le secteur de la chimie. Mais peut-on se limiter à ces paramètres ? La rentabilité du secteur et la productivité des travailleurs doivent aussi être abordées. De plus, face aux défis actuels du secteur, les travailleurs représentent la solution et non la variable d’ajustement.

Secteur riche, secteur fort

Les chiffres du secteur de la chimie donnent le tournis : chiffre d’affaires, bénéfice d’exploitation et bénéfice d’exercice ont respectivement augmenté de 139 %, 114 % et 146 % entre 2016 et 2022. De plus, les augmentations les plus marquées ont eu lieu au cours de la dernière année : 27 % pour le chiffre d’affaires et 40 % pour le bénéfice d’exploitation. Autant d’indicateurs au zénith qui ont permis au secteur de largement rémunérer ses actionnaires : plus de 6,3 milliards € de dividendes en 2022 contre 2,5 milliards € un an plus tôt. Vous en voulez encore ? Le poids des salaires dans les coûts de production ne dépasse pas les 6% en 2022 (contre 11,7 % en 2016) et ce, malgré l’indexation des salaires. De son côté, la productivité des travailleurs a augmenté de 43 % uniquement en 2022. « Ces chiffres démontrent la grande rentabilité des activités du secteur et le rôle primordial rempli par les travailleurs pour créer de la valeur et pour faire tourner l’économie », pointe Andrea Della Vecchia, secrétaire fédéral FGTB Chimie. « Ces chiffres prouvent aussi que notre industrie ne souffre pas d’un déficit de compétitivité salariale mais, au contraire, dispose des ressources économiques et humaines pour aller de l’avant ». 

Emplois de qualité et transition

Alors, tout va bien ? Non. Des activités du secteur font effectivement face à un ralentissement de leurs activités. Des entreprises sont plus concernées par le marché allemand ou par les importations chinoises. D’autres ne le sont pas. Alors, que faire ? « Utilisons la solidité du secteur et son potentiel humain pour le renforcer et pour faire face aux défis actuels ».

Lesquels ? Tout d’abord, la qualité des emplois. Face au défi démographique (plus d’un travailleur sur trois a plus de 50 ans dans la chimie) et au besoin croissant de nouveaux collaborateurs (plus de 2500 emplois supplémentaires par an), le secteur doit veiller à augmenter son attractivité. Cela passera par des emplois de qualité qui permettent aux travailleurs d’être correctement rémunérés et de mieux combiner vie privée et vie professionnelle. A ce propos, des négociations d’entreprises voient actuellement le jour dans le secteur et sont autant d’opportunités à saisir pour améliorer les conditions de travail et l’attractivité de l’industrie chimique. « A contrario, le recours au chômage économique ou autres économies sur le personnel ne peuvent pas être la réponse des employeurs à ce défi », relève Andrea Della Vecchia.

Ensuite, la transition énergétique. Oui, les prix de l’électricité ont augmenté pour l’industrie en 2022 mais moins que dans les pays voisins. De plus, plusieurs acteurs industriels bénéficient encore de contrats fixes à long terme qui les préservent de cette augmentation. Ensuite, la situation reste compétitive pour les PME. L’étude FORBEG de mai 2023 pointe aussi l’avantage compétitif de notre pays sur les prix du gaz naturel.

 

L’alarmisme sur les prix de l’énergie peut donc être nuancé. Toutefois, un autre thème ne doit pas l’être : le climat. L’industrie chimique a un rôle majeur à remplir afin de réduire son impact sur l’environnement. Pour y parvenir, elle aura besoin d’impliquer ses travailleurs : formations, réorientations professionnelles, concertation sociale,… et emplois de qualité.

« De nouveau, les travailleurs sont au cœur des solutions qui attendent le secteur de la chimie ».