Le géant du cyclisme Specialized reste immobile dans une affaire de vol de salaires
À l’approche du Tour des Flandres, le géant américain Specialized, sponsor des équipes cyclistes Soudal Quick-Step et SD Worx Protime, fait l’objet d’une investigation du Worker Rights Consortium (WRC) : un an et demi après la fermeture de leur usine, plus de 600 000 euros de salaires et d’indemnités de licenciement impayés sont dus aux travailleur·euses qui produisent pour Specialized au Salvador. Specialized refuse d’en assumer la responsabilité.
L’enquête menée par l’organisation indépendante de surveillance des droits des travailleur·euses WRC, révèle que les 831 travailleur·euses ont perdu leur emploi après la fermeture de l’usine APS au Salvador en août 2022. Ces travailleur·euses, qui produisaient pour quatre entreprises, dont Specialized, se sont vu refuser leur salaire et leurs indemnités de licenciement légalement dus selon la loi salvadorienne.
Les interpellations du WRC dans le cadre de leurs recherches ont amené deux des entreprises qui s’approvisionnaient également auprès de l’usine à signer un accord pour payer aux travailleur·euses les deux tiers de la somme due, soit environ 1,2 millions d’euros. Mais, Hanes et Specialized n’ont pas encore pris leurs responsabilités.
Les syndicats salvadoriens – FEASIES, SGC et SINDICOM – représentant les travailleur·euses de l’usine APS ont exhorté ces enseignes à apporter une contribution financière.
« Nous attendons qu’APS nous verse l’argent qu’elle nous doit », déclare Rhina, une ancienne employée de l’usine. Une autre travailleuse, Patricia, se bat pour nourrir sa famille : « Mes enfants et moi ne pouvons manger que du riz, des haricots et des œufs ».
Le géant du cyclisme Specialized n’a absolument pas répondu à tous les efforts déployés par les groupes de défense des droits des travailleur·euses pour discuter de l’affaire avec eux. Specialized est même allé jusqu’à bloquer les adresses électroniques de plusieurs organisations du réseau international Clean Clothes Campaign ayant tenté de les contacter au nom des travailleur·euses.
Devoir de vigilance
Selon les lignes directrices internationales, les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits humains et l’environnement dans leur filière d’approvisionnement. Cela signifie, entre autres, que les entreprises doivent prendre des mesures si des violations sont constatées chez leurs fournisseurs. La semaine dernière, les États membres de l’UE ont approuvé une directive obligeant les entreprises à assumer cette responsabilité à l’avenir.
Sur sa page Web consacrée au développement durable, Specialized affirme promouvoir les droits humains dans ses filières d’approvisionnement. Cependant, son refus de dialoguer avec les travailleur·euses vulnérables qui fabriquaient ses produits suggère le contraire.
Pour achACT, la Schone Kleren et leurs homologues du réseau international Clean Clothes Campaign : « Specialized doit joindre les actes à la parole et régler cette affaire le plus rapidement possible. »