En Flandre, seulement 30,2 % des aide-ménagères ont un travail soutenable

Le centre de recherches du Conseil économique et social de Flandre, Stichting Innovatie & Arbeid, a réalisé une analyse de l'employabilité dans les entreprises de titres-services sur la base du moniteur flamand de l’employabilité 2023. Les résultats de ce rapport sont affligeants, mais malheureusement pas surprenants : moins d'une aide-ménagère sur trois a un emploi soutenable. Et même si cette analyse porte sur la situation en Flandre, rien ne permet d'imaginer une situation plus favorable en Wallonie et à Bruxelles.
Un emploi soutenable un emploi qui n'entraîne pas de surmenage ou de maladie, qui est intéressant et motivant, qui offre des possibilités d'apprentissage et qui laisse suffisamment d'espace pour la vie privée. Selon le rapport de la Fondation Innovation & Emploi, ce type d'emploi est difficile à trouver dans le secteur des titres-services : seulement 30,2 % des travailleuses du secteur ont un emploi soutenable, contre 51,8 %[1] sur le marché du travail flamand en général. Les chiffres clés sur l'employabilité dans le secteur ne mentent pas :
- 47,8 % (62,7 %) des aide-ménagères estiment qu'il est possible de conserver leur emploi actuel jusqu'à la retraite, pour 44 % (32 %), cela ne sera possible que si le travail est adapté et pour 8,2 % (5,3 %), ce n'est de toute façon pas faisable ;
- 61,1 % (20,7 %) ont un travail routinier et pour 42,2 % (9 %), il s'agit même d'un travail extrêmement routinier ;
- 36 % (12,6 %) sont confrontées à des conditions de travail physiquement stressantes et 14,3 % (4,8 %) sont même confrontées à des contraintes physiques très élevées ;
- 21,8 % (12,3 %) sont fréquemment malades et 21,5 % (11,3 %) ont un absentéisme de longue durée ;
- 51,7 % (13,6 %) ont des possibilités d'apprentissage insuffisantes. Les rapports précédents (2018, 2023) ont déjà souligné qu'il s'agit d'un problème grave ! Par exemple, seule une aide-ménagère sur trois a reçu une formation de base (bien qu'elle soit obligatoire). 34 % des travailleuses du secteur n'ont jamais reçu de formation.
Ces chiffres montrent que les aide-ménagères ont un travail difficile avec plusieurs goulots d'étranglement en matière d'aptitude au travail et que, par conséquent, les taux pour le secteur des titres-services ont tendance à être plus élevés que les moyennes flamandes (chiffres entre parenthèses). D'ailleurs, depuis 2019 (voir ici), on constate même une aggravation du taux d'employabilité dans le secteur.
Les syndicats demandent depuis des années des mesures concrètes pour améliorer la situation de travail des aide-ménagères : surveillance médicale, liste des produits de nettoyage autorisés, visite chez le client pour contrôler le matériel de travail, formation,... L'inspection du bien-être indique à nouveau dans un récent rapport que les entreprises de titres-services refusent de prendre des mesures et d'effectuer des analyses de risques (c'est pourtant une obligation légale !) pour pouvoir protéger correctement leurs travailleuses des travaux pénibles qu'elles effectuent. Même ces chiffres s'aggravent. Pourtant, rien ne bouge dans les grandes entreprises de titres-services. Il est donc temps que le gouvernement prenne ses responsabilités et impose des obligations. Les entreprises qui ne respectent pas la loi doivent être sanctionnées et n'ont rien à faire dans un secteur subventionné à 70 % par l'argent public.
[1] Les chiffres en rouge représentent le pourcentage moyen sur le marché du travail flamand au sens large.