Chaque accident du travail est un accident de trop

Dans l'industrie du béton, un accident au travail a souvent de lourdes conséquences pour un travailleur. Le secteur a connu début avril un accident tragique qui a conduit au décès d’un travailleur.

A la veille de la journée internationale de la sécurité et de la santé au travail du 28 avril, la Centrale Générale – FGTB organisait une journée d’étude sur les accidents du travail dans l’industrie du béton. Un choix loin d’être anodin car lorsqu’il est victime d’un accident au travail, les conséquences sont souvent très lourdes pour un travailleur du secteur.

"Le meilleur accident, c’est celui qu’on a pas". Plus que jamais, ces mots sont lourds de sens dans l’industrie du béton. Le secteur a connu début avril un accident tragique qui a conduit au décès d’un travailleur. Un de ses collègues témoigne : “Cela n’aurait pas dû être possible. Mes collègues sont des professionnels expérimentés. Le dialogue sur la sécurité au sein de l’entreprise a toujours été difficile. Dommage qu’il faille un drame pour prendre des mesures”.

Trop souvent, les employeurs rechignent à investir suffisamment dans la prévention. Ils ont pourtant tout à y gagner. Une des principales causes d’accident léger épinglée par les participants à notre journée d’étude est d’ailleurs tout à fait évitable : le désordre. « Trop souvent, l’employeur nous dicte un rythme de travail qui nous empêche d’avoir du temps pour ranger et nettoyer notre zone de travail. Mais bizarrement, lorsqu’un externe visite notre entreprise, on nous octroie du temps à cet effet. Par contre, pour nous qui nous affairons chaque jour dans cet espace, ça semble futile » précise un participant.

Des chiffres manipulés

En 2016, dans le secteur privé en Belgique, on dénombre quelque 160.000 travailleurs accidentés dont 14.500 avec un handicap permanent (source Fedris). Ces chiffres diminuent d’année en année mais c’est de la poudre aux yeux. Alors que le nombre d’accidentés diminue, on constate que le nombre de décès suite à un accident du travail reste stable avec environ 100 travailleurs par an. C’est interpellant car la logique voudrait que les décès diminuent aussi. La réalité, c’est que le nombre d’accidentés au travail ne diminue pas. Les chiffres sont biaisés à cause d’une sous-déclaration des petits accidents.

Les bons réflexes

En effet, certains employeurs oublient, volontairement ou non, de signaler le moindre accident de travail. D’où l’importance de faire preuve de vigilance. Lorsqu’un accident survient dans l’entreprise ou que vous en êtes victime, il est essentiel de le déclarer, même si de prime abord, cet accident semble bénin. Nul n’est à l’abris de complications médicales par la suite. Or, sans déclaration préalable, il est alors trop tard pour obtenir réparation auprès de l’assurance. En tant que délégué, il est essentiel d’accompagner les victimes d’un accident du travail pour l’informer de ses droits et de la procédure à suivre.

Autre point d’attention de cette journée d’étude : le travail adapté. Nous constatons que sur le terrain, le travail adapté est trop souvent imposé dans l’unique but de manipuler les statistiques. Une enquête de FEDRIS datant de 2016 a d’ailleurs mis en évidence ces pratiques. Les travailleurs se voient proposer un travail adapté non pas pour répondre à leurs besoins mais juste pour réduire l’influence sur les primes d’assurance.

Un accident du travail n’est pas une chose à prendre à la légère. Les conséquences pour la victime sont à la fois financières et morales, avec parfois des séquelles irréversibles. Il est donc important de permettre au travailleur de se réinsérer progressivement dans son entreprise afin qu’il puisse reprendre une vie sociale. Mais il est évident que cela doit se faire dans un cadre légal strict.